Repenser la politique d’éducation en Algérie pour en faire un instrument d’insertion professionnelle, sociale et un moteur du développement économique
A l’horizon 2020, l’Algérie aura su poursuivre son effort dans l’éducation, mais en bâtissant un système éducatif plus efficace.
Nous devons nourrir de grandes ambitions pour notre système éducatif, car il constitue le levier majeur par lequel notre pays pourra rapidement s’extraire de la trappe à mal développement dans laquelle il se trouve. La sortie de l’économie de rente suppose de pouvoir bâtir une société favorisant l’initiative privée, l’innovation dans tous les domaines, sources ultimes de la création de richesse. L’expansion rapide du secteur privé suppose que nous soyons à même de développer rapidement nos capacités d’absorption en « soft skills » et « hard skills ».
Au-delà, nous voulons également une société harmonieuse, dans laquelle chacun puisse trouver sa place, répondre à ses aspirations, quelles que soient ses capacités et ses origines sociales. Nous devons aussi veiller à ce que le développement puisse profiter à la majorité des Algériens, et pour cela notre système de formation doit leur permettre de s’adapter aux évolutions de notre société et d’acquérir, tout au long de leur vie, les nouvelles qualifications nécessaires.
Promouvoir une véritable égalité des chances et une attention à tous les élèves, quelle que soit leur niveau et leurs difficultés de départ, pour faire de l’enseignement le meilleur ascenseur social.
Assurer une insertion professionnelle durable à la sortie de tous les paliers du système éducatif par la qualité de l’enseignement avec un objectif de réduire le chômage d’insertion à 6 mois au maximum après la fin des études
Garantir un socle de connaissances tant techniques que culturelles pour un citoyen capable d’entreprendre, innover et apprendre tout au long de sa vie en étant ouvert sur le monde : assurer l’acquisition d’un socle de connaissances de base et d’aptitudes pour tous les individus sortants du cursus obligatoire. Permettre un accès généralisé à la culture tant algérienne qu’universelle, et permettre la formation de la personnalité et l’épanouissement personnel au niveau de l’enseignement obligatoire.
Assurer un enseignement de qualité dans des domaines clés et selon les standards internationaux, à tous les paliers, en enseignement général aussi bien que professionnel : pour accroître nos capacités d’absorption du savoir produit ailleurs dans le monde et de répondre aux besoins présents et futurs de notre société en termes de qualifications et de savoir (besoins des secteurs privé et public etc.).
Donner à tous les citoyens une seconde chance et assurer une actualisation ou un complément de formation à tout instant de la vie par des dispositifs de formation continue adaptés aux besoins des individus et de la société et au progrès technique.
La vision pour le système éducatif à horizon 2020 : quelques chiffresFaire parvenir le taux d’achèvement du primaire à 98% et de celui du premier cycle du secondaire à 95%
- Réduire de moitié les taux de redoublement jusqu’au baccalauréat
- Atteindre un taux brut de scolarisation de 40% dans le supérieur, avec un véritable fonctionnement pyramidal du système LMD [1] et un meilleur rendement a l’université (réduire le taux d’échec et réduire la durée moyenne des études)
- Assurer une formation professionnelle de qualité pour ceux qui ne passent pas par l’université
- Réduire de moitié le coût d’un diplômé en % du PIB par habitant
- Passer à la 25ème place dans le TIMSS et dans les 3 premiers pays de la région MENA
- Atteindre une moyenne de 300 publications pour 1 million d’habitants
- Accroître significativement la part des étudiants dans les filières scientifiques et techniques
- Etendre les doubles diplômes avec les meilleurs établissements universitaires internationaux, notamment à partir de la licence
- Faire en sorte que les diplômés de l’enseignement supérieur puissent en 6 mois s’insérer dans le marché du travail en occupant des postes en adéquation avec leurs qualifications
- Favoriser l’émergence de pôles de recherche et développement en synergie avec la stratégie de développement économique du pays
- Des pôles d’excellence de recherche, de classe mondiale, en santé, politiques publiques, TIC, agriculture saharienne, pétrochimie et énergies[2] : favoriser la mise en réseau des centres de recherche, instituts de formation, entreprises
- Disposer d’indicateurs de qualité et de performance du système éducatif à différents niveaux (national, régional, par wilaya)
Les leviers de rupture
Pour répondre aux objectifs incorporés dans la vision, nous proposons d’agir sur quatre leviers de rupture, décomposés en chantiers structurants. Ces leviers permettent de répondre aux principales déficiences identifiées lors du bilan et du benchmark et ne constituent en aucun cas d’une politique de l’éducation exhaustive. Ainsi, nous n’abordons pas un certain nombre de domaines, soit parce qu’ils ont déjà été ciblés par les politiques passées, soit parce qu’ils n’ont pas été identifiés comme nécessitant une véritable rupture.
Domaines non abordés : La formation des enseignants et leurs conditions de vie (salaires etc.).
Premier levier : Mettre le pilotage par la qualité et la performance au cœur de la politique d’éducation, à tous les niveaux.
L’ambitieux programme d’investissement dans l’éducation sera focalisé sur la qualité, en rupture avec les politiques antérieures qui ont privilégié la quantité uniquement. Il s’agira de définir des indicateurs de qualité en fonction des objectifs découlant de la vision à 2020 pour notre système éducatif. La définition d’indicateurs de qualité jusqu’au niveau de chaque établissement permettra en outre de responsabiliser les acteurs du secteur, à tous les niveaux.
Prérequis pour la réussite des chantiers de ce levier
- Un Système d’Information ambitieux, permettant de collecter de l’information aux niveaux les plus fins (Wilayas, daïras, établissements etc.)
- La définition de standards qui serviront à la conception des indicateurs de qualité et de performance
- Une autorité de contrôle chargée de la bonne tenue des standards et du fonctionnement des SI
Deuxième levier : Bâtir un système éducatif et de formation plus équitable
Troisième levier : Améliorer les contenus, l’orientation des élèves, assurer une flexibilité dans les parcours et de meilleures conditions de vie des étudiants et des chercheurs.
Il s’agit de proposer des innovations majeures portant notamment sur le contenu, l’orientation des élèves et la flexibilité des parcours (passerelles entre filières etc.). Nous proposons également des mesures visant à améliorer les conditions de travail et de vie des étudiants.
[1] Avec une part prédominante de licences professionnelles et une calibration des licences académiques sur les véritables besoins du pays en doctorants, une sélectivité dans le passage de la licence au master etc
[2] Transformer l’IAP en Institut Algérien des Energies par exemple